mercredi 7 mai 2008

La langue Créole

Les premiers éléments fondateurs d’une nation sont sa langue, son drapeau et son espace territorial. La langue créole haïtien est directement liée à la fondation et à l’existence d’Haïti comme nation indépendante, car elle est à l’origine de la Victoire de l’armée indigène qui a conduit à la création de la première République des Noirs le 1er janvier 1804 suite au Congrès du Bwa-Kayiman de 1791 qui a décidé pour la première fois l’utilisation commune de la langue haïtienne pour mener la guerre de libération de l’esclavage. En faisant du créole la langue officielle et en la reconnaissant comme langue de l’unité nationale dans la Communauté, l’État haïtien s’engage solennellement à l’utiliser prioritairement dans toutes ses activités et à créer un budget spécial pour assurer de façon permanente son développement, sa protection, sa promotion, son apprentissage par tous les citoyens du pays et son rayonnement au niveau national et international. Le créole est la langue maternelle de tous les Haïtiens. C’est par cette langue que la République d’Haïti doit naturellement affirmer son identité nationale et protéger les droits fondamentaux de tous ses citoyens.
Il y a moins de 10% d’Haïtiens qui maîtrisent la langue de la France. Moins de 15% la comprennent, mais 85% de la population n’ont aucune connaissance du français. De plus, 98% des livres qui garnissent les bibliothèques scolaires et municipales d’Haïti viennent des pays francophones et n’ont pratiquement rien à avoir avec la réalité nationale. Les ordres d’enseignement primaire et secondaire, contrôlés à 90% par le secteur privé, sont financés entièrement par les parents avec l’argent venant en grande partie de la diaspora. Les taxes des Haïtiens financent 90% du budget de l’enseignement post-secondaire. Depuis deux siècles, les parents se crèvent pour financer le système d’enseignement français dès le préscolaire jusqu’au 2e cycle universitaire. Cependant, on voit très peu de retombée de cet argent puisque, Haïti demeure le pays le plus pauvre des Amériques d’une part. Et d’autre part, parmi les jeunes qui terminent leurs études universitaires, seulement 2% choisissent de rester dans le pays. Parmi eux, il y en a qui deviennent surtout politiciens, fonctionnaires ou écrivains. Les 98% qui partent se retrouvent essentiellement en France, au Québec ou aux États-Unis. L’État haïtien consacre une bonne partie de son budget national au système d’enseignement français contre 0% à la promotion de la langue haïtienne, alors que l’analphabétisme touche 55% de la population âgée de 17 à 55 ans. Le budget alloué au secrétariat à l’alphabétisation pour l’année 2006-2007, représente 0,09% du budget national, soit 1 million 395 347 $ US. Pourtant, en Haïti, actuellement, il y a plus d’adultes à alphabétiser que des enfants à scolariser. C’est le pays qui possède le plus haut taux d’analphabète dans les Amériques.

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